Conçue à l’origine comme un véhicule militaire, la légendaire Jeep Willys s’est forgée une réputation de polyvalence et de robustesse. Elle a donc suscité un intérêt certain pour la vie civile.
Quand la Jeep devient civile avec la CJ
Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, une version civile de la voiture a été étudiée pour la vie quotidienne. La Jeep CJ allait donc affronter des millions de consommateurs, et rapidement devenir un succès insoupçonné. Initialement conçue pour répondre aux besoins des fermiers américains, la CJ a su conquérir une autre clientèle. Et de part sa polyvalence et ses nombreuses déclinaisons, elle restera en production pendant quatre décennies. Aujourd’hui, la Jeep Wrangler est la meilleure héritière de son esprit polyvalent et tout-terrain.
D’un concept militaire pour devenir civil
Dès 1944, on imagine une déclinaison de la Willys pour monsieur-tout-le-monde, la « Civilian Jeep » soit la CJ. La CJ-1 sera ensuite un dérivé de la version Willys MB, assemblée à peu d’exemplaires qui serviront pour des tests. La CJ-2 n’est pas non plus commercialisée, car utilisée pour des essais grandeur nature, on la nomme aussi « AgriJeep ». Ce sera finalement la Willys CJ-2A présentée le 17 juillet 1945 et produite jusqu’en 1949 qui sera la première « Jeep Civile » (CJ). Elle ne dérive que très peu des anciennes versions, mais a été adaptée pour la vie civile. La partie avant présente des grands feux ronds désormais encastrés dans la calandre qui présente neuf ouvertures verticales.
Après la fin de la guerre, le GI est rentré aux États-Unis et a fait connaître cette voiture robuste aux performances étonnantes. Les attentes étaient grandes pour tester ce véhicule, et la première version civile n’a pas tardé à voir le jour. Avant la Saint-Sylvestre 1945, la Jeep CJ-2 est arrivée sur les routes américaines, avec pour défi d’adapter à la complexité de la vie civile les qualités pratiques, le caractère tout-terrain et la robustesse qui ont fait leurs preuves dans l’armée.
Le concept a démontré une fois de plus sa polyvalence et son adaptabilité grâce à de nouvelles caractéristiques telles qu’un espace de chargement arrière, un toit en tissu, tout en conservant son esprit spartiate. Du kaki militaire, elle est passée à des combinaisons de couleurs vives telles que le vert, le jaune et le rouge.
Devenir un symbole pour l’Amérique
Elle n’était donc disponible qu’avec un siège conducteur et un rétroviseur latéral de série. Des éléments tels que le siège passager, le treuil, l’essuie-glace et les feux arrière étaient disponibles en option. Mais ces changements esthétiques ne sont pas venus seuls. Car de la discipline militaire, la Jeep a dû répondre à d’autres normes non moins strictes, celles de l’administration américaine de la circulation.
Pour circuler dans les rues et sur les autoroutes des États-Unis, la Jeep devait être équipée de phares plus grands. Cela oblige à redessiner la face avant. Elle perd donc deux grilles par rapport aux versions du temps de guerre, laissant les sept emblématiques qui caractérisent la Jeep jusqu’à aujourd’hui. Au total, 1,5 million des différentes générations de la « Jeep civile » ont été vendues entre 1945 et 1986.
L’année suivante, la Jeep Wrangler est arrivée sur le marché, héritant de l’esprit et de la polyvalence du modèle original. Le modèle se sera imposé au fil des quatre décennies de production comme un icone, un symbole patriotique. Et l’affiliation au monde militaire y est certainement pour beaucoup, quand on sait le dévouement accordé par les américains au corps militaire. Une idée pas si loufoque pour l’époque, mais qui mérite sa place parmi les histoires les plus incroyables. Jeep a changé son statut d’engin militaire, pour un modèle civil et des plus durables dans le temps.