Quand Jeep faisait partie du réseau Renault en France

Quand Jeep faisait partie du réseau Renault en France

Il y a une époque pas si lointaine où le constructeur Jeep faisait cause commune avec Renault en France. Fruit de l’alliance du losange avec AMC (American Motors Corporation), les Jeep étaient diffusées via le réseau Renault, et certaines également motorisées par la Régie Nationale.

Quand Jeep était diffusé en France grâce à Renault

Alors que dans les années 50, Renault était l’une des marques qui importait le plus aux États-Unis, le losange va croiser la route de Jeep. Durand quelques années, Renault implanta son outil de production outre-Atlantique. Des usines, chaînes d’assemblage et réseau de distribution battait pavillon français sur les terres de l’Oncle Sam. Des Renault 4CV, Dauphine et Frégate seront importées et d’autres assemblées avec Kaiser Frazer of Isaraël Ltd. Le tout côtoyant la gamme Kaiser et celle de Jeep.

Au-delà des USA, c’est aussi en Argentine que des modèles Renault vont être produits avec des modèles Jeep. Mais en 1967, Kaiser fait face à des problèmes financiers et doit céder ses parts à Renault. Ainsi, on voit la marque IKA-Renault qui continue à produire des modèles Jeep jusqu’en 1978. Puis le marché s’est ouvert à l’importation et cela mit un terme à la production Jeep.

Kaiser, Jeep, AMC, une histoire en plusieurs actes

Au milieu des années 60, Kaiser Jeep et Renault projettent de faire un modèle commun, polyvalent et léger. Ce serait un peu la même idée que l’ancêtre du Cherokee, un véhicule deux roues ou quatre roues motrices. Ce modèle H se veut être un véhicule léger, sans prétention de franchissement, mais capable de surmonter quelques terrains abîmés. La base technique était celle d’une Renault 16, dont la carrosserie fut retravaillée avec un hard top. Elle aurait pu se décliner en pick-up, voire en cabriolet. Un concept de SUV compact, bien trop avance sur son temps.

Renault va quitter les USA au début des années 70 pour mieux y revenir en 1979 en prenant 5% des parts d’AMC (4e constructeur aux USA). C’est ce qui conduit Renault à produire à nouveau ses modèles sur le sol américain, avec l’Alliance (une Renault 9 remaquillée) en 1983. Puis ce sera au tour de la Renault Encore (notre Renault 11), dont la fiabilité entachera sa carrière.

La relation de travail Jeep / Renault

La même année 1983 va voir l’introduction de nouvelles Jeep, le Cherokee et le Wagoneer. Ces modèles vont s’éloigner du genre purement 4×4 qu’exploite la Willys, pour s’affirmer comme des modèles plus familiaux. Mais ils vont garder l’ADN de Jeep, à savoir être capable de franchir des sentiers où les simples berlines ne peuvent se rendre.

Un projet commun entre Jeep et Renault fut étudié, un véhicule capable d’imiter le Range Rover, ce projet était le Véhicule de Grande Randonnées (VGR). Mais il fut abandonné car il entrait directement en concurrence avec le nouveau Cherokee XJ que Renault allait importer en Europe. L’idée d’un 4×4 plus petit et plus léger était toujours dans les tiroirs. Un châssis porteur avec armature tubulaire soudée et une carrosserie en composite collée ou vissée. Ce qui correspondait aux premières Alpine Renault ou les premières générations de l’Espace.

Alors qu’elle reprenait les traits biens connus de la Willys MB, cette étude avait reçu le nom de baptême de Jeepsy. Mais Renault ne validera jamais le modèle, faute à quelques difficultés financières, d’autant qu’il s’agissait d’un marché de niche. C’est finalement AMC qui reprend le projet quasiment finalisé mais doit faire faire aussi à des difficultés financières. Le modèle ne verra jamais le jour, ce sera la dernière collaboration entre Jeep et Renault.

Les Jeep dans le réseau Renault

C’est à un ingénieur français, François Castaing à qui l’ont doit le renouvellement de l’offre Jeep, mais aussi à ses équipes pour le projet Cherokee. Le Cherokee XJ se veut plus européen et adopte la caisse monocoque (contre le châssis séparé auparavant). Le tout profite à la réduction du poids mais aussi à la rigidité de l’ensemble. Exit les blocs gloutons américains (la crise du pétrole est passée par là), sous le capot officieront un 6 cylindres 2,8l (fourni par Buick) ou un 4 cylindres de 2,5l. Ses dimensions sont idéales, et il va conquérir les familles. Il est plus accueillant que la CJ et parvient à contrer l’offensive des tout-terrains japonais.

C’est à partir de 1984 que le Cherokee arrive en France, via le réseau Renault. Puis il sera diffusé dans d’autres pays européens, l’année suivante. Mais, les blocs américains sont remplacés, et c’est le 4 cylindres 2,1 turbo-diesel de 88 ch, un peu chiche, qui devra déplacer les 1400 kg de l’engin. Les ventes auront du mal à décoller en France, le produit est atypique et la clientèle n’est pas prête. Aux États-Unis, évidemment c’est l’effet contraire, il s’arrache comme des petits pains. Il battra son record de production en 1988.

Une fin dans l’indifférence…

Mais l’histoire entre Renault et Jeep va tourner court, car le losange est en difficulté, et endetté par des choix d’investissements peu inspirés. En 1988, Chrysler est intéressée par Jeep, Renault cède ses parts. Mais le losange conserve la commercialisation et l’après-vente des modèles Jeep encore pour 5 ans. La période de distribution des Jeep par Renault arrivera à son terme en 1992. Après cela, Chrysler en reprend la commercialisation à son compte, et continue de les distribuer avec les moteurs du losange. Il faudra attendre 1995 pour que Chrysler trouve des blocs italiens VM turbo-diesel de 115 ch pour suppléer celui de Renault.

Les histoires automobiles sont faites de succès et d’échecs ! Ici, c’est le cas avec des constructeurs aux santés financières bancales. L’une a voulu prendre le contrôle de l’autre, mais les produits proposés n’ont su trouver leur public. Et parfois, c’est l’offre proposée qui est bien trop en avance sur son temps. Parfois, le produit finit de correspondait plus aux attentes de la clientèle avec un côté perfectible évident. Il est amusant de constater qu’aujourd’hui, Jeep appartient au Groupe Stellantis, fusion des groupes FCA et PSA, dont Peugeot-Citroën fait partie, le rival de toujours de… Renault !