Jeep fut la propriété de Chrysler avant que la firme américaine ne fusionne avec Fiat pour créer FCA (Fiat Chrysler Automotive). Ce dernier groupe s’est ensuite allié à PSA (Peugeot-Citroën-Opel) pour former le géant Stellantis aux 15 marques. Mais outre Atlantique, les américains ne sont pas ravis du traitement de Chrysler en particulier. Aussi, Frank B. Rhodes Jr., l’héritier de Chrysler, veut redorer le blason des firmes américaines.
La grogne monte chez Chrysler, souhaitant sauver Chrysler, Dodge, RAM et Jeep
De nombreux Américains désapprouvent la manière dont Stellantis a traité Chrysler ces dernières années. La firme en perte de vitesse ne doit ses faibles ventes qu’à un catalogue appauvri à un seul modèle. En effet, depuis l’arrêt de la berline 300, il ne reste plus que le monospace Pacifica en concessions. Frank B. Rhodes, Jr., arrière-petit-fils de Walter P. Chrysler, qui a fondé la Chrysler Corporation en 1925, est intervenu avec une proposition plutôt ambitieuse. Ainsi donc, ce dernier appelle les investisseurs et les travailleurs à se rassembler pour sauver collectivement la marque emblématique aux côtés de Dodge, Ram et Jeep.
Dans une courte vidéo et une lettre, Rhodes a souligné l’importance de Chrysler dans l’histoire de l’automobile américaine. Il a fait ainsi part de ses craintes sur l’état actuel du constructeur Chrysler. Il s’est proposé d’être le leader d’un grand changement nécessaire. Avant que la marque ne célèbre son 100e anniversaire l’an prochain, l’héritier de Chrysler souhaite donc en prendre le contrôle.
Les marques historiques, comme Chrysler, menacées ?
Dans une lettre ouverte au public partagée par Mopar Insiders, Frank B. Rhodes Jr. déclare ceci : « La marque Chrysler, autrefois symbole d’innovation et de génie américain, est désormais menacée de tomber dans l’oubli en raison de ce que je considère comme de mauvaises décisions et une mauvaise gestion de la part de ses propriétaires actuels, Stellantis. »
Rhodes accuse Stellantis d’être ainsi déconnecté du marché américain. Selon la lettre de Rhodes, la direction actuelle de Stellantis « ne peut pas accorder à Chrysler l’attention nécessaire » en raison de la supervision de plus de 15 marques différentes. En effet, le groupe Stellantis possède un large portefeuille de constructeurs qui n’affichent pas tous une santé excellente. Malgré ces lacunes, l’héritier de Chrysler est convaincu que « les investisseurs verront le potentiel de ressusciter cette marque historique ». Son objectif est de convaincre Stellantis de se séparer de toutes ses marques américaines au profit « d’une entreprise qui se soucie vraiment de leur avenir ».
L’idée de Rhodes est ainsi de recréer Chrysler Corporation et détenue par les américains. La nouvelle entité regrouperait Chrysler, Dodge, Jeep et Ram sous son égide et se concentrerait « non seulement sur les profits, mais aussi sur les personnes qui construisent ces voitures », les travailleurs devenant copropriétaires.
Les USA ne sont pas le vieux continent (l’Europe)
Rhodes a également envoyé une autre lettre de 17 pages au PDG de Stellantis, Carlos Tavares, et à la PDG de Chrysler, Christine Feuell. Dans celle-ci, il a souligné les innovations les plus importantes de l’histoire de Chrysler, exprimant sa « profonde déception » quant à l’état actuel de la marque. Il faut dire que le marché américain ne se comporte pas du tout comme les différents marchés locaux en Europe.
Aux USA, Jeep connait une baisse significative de ses ventes depuis l’arrêt du Cherokee et du Renegade. C’est surtout le Cherokee stoppé en 2022 qui ampute le volume de ventes, car c’était le modèle le plus vendu. Une nouvelle version de celui-ci doit arriver l’an prochain, mais ce n’est pas uniquement ça le problème. Rhodes pointe du doigt qu’il souhaite une gouvernance américaine pour les constructeurs américains, car ils sont plus à même de comprendre les enjeux locaux.
Aux USA, tout est fait pour la voiture, sur courte ou longue distance. Les américains sont profondément attachés à la voiture et toutes les infrastructures sont faites pour ce mode de transport. Sur les autoroutes américaines, vous ne tomberez quasiment jamais en panne d’essence, il y a une station-service à chaque bretelle de raccordement (sortie d’autoroute). Dans le même temps, le transport ferroviaire n’est développé que pour le fret de marchandises. Il n’y a que très peu de lignes de trains pour les voyageurs, beaucoup moins qu’en Europe (et proportionnellement, dans un volume plutôt faible). De même que les vols internes et court-courrier, très peu de voyageurs les utilisent. Aux USA, on roule en voiture, la sienne de préférence.
Comment vont évoluer les firmes américaines ?
Malgré les bonnes intentions de Frank B. Rhodes Jr., il est difficile de croire qu’une telle proposition puisse avoir un impact sur un géant multinational comme Stellantis. Tavares n’a montré aucun intérêt à se séparer de ses marques américaines, et même s’il le faisait, un rachat potentiel nécessiterait probablement des fonds astronomiques. Quoi qu’il en soit, il sera intéressant de voir si la proposition de l’héritier de Chrysler suscite un quelconque intérêt à l’approche du 100e anniversaire de Chrysler l’année prochaine.
Jeep a déjà évoqué son intention de relever ses chiffres de ventes avec un plan savamment étudié. Reste à savoir si la clientèle répondra aux futures propositions. Car, les modèles Jeep passeront par l’hybridation et l’électrification. Dès 2025, le Wagoneer S sera le premier SUV 100 % électrique à être proposé sur le sol américain. Ensuite, viendra un modèle électrique entrée de gamme proche des 25 000 dollars : le Renegade.