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La Jeep Wrangler Rubicon aurait pu ne jamais voir le jour

La ruse des ingénieurs pour convaincre Jeep

Face aux réticences du directoire de la marque, comment convaincre ces derniers qu’un tel Wrangler ferait sens ? Inutile de convoquer les têtes de ponte lors d’une réunion avec des tableaux Excel et des présentations PowerPoint. Un petit groupe d’ingénieurs a eu une bien meilleure idée.

A l’été 1999, Dave Yegge et Mike Gabriel étaient deux des nombreux ingénieurs de l’équipe TJ. Ils savaient parfaitement ce qu’il fallait faire pour transformer et améliorer le Wrangler. Il se sont tournés vers le marché des pièces détachées pour installer une boîte de transfert 4:1 dans ce TJ. Et ils ont profité du rendez-vous annuel au Rubicon Trail organisé pour les cadres et les dirigeants de la marque. Il s’agissait à la fois d’une escapade et d’une initiation pour les personnes qui découvraient la marque Jeep au sein de Chrysler.

Yegge et Gabriel ont donc veillé à ce que leur TJ figure parmi les véhicules de la flotte pour cette journée. Les gens n’arrêtaient pas de dire que la piste était beaucoup plus facile à conduire avec ce TJ. Mais qu’avait-il donc de si différent ? L’année suivante, ils ont mis à jour leur TJ avec un différentiel à blocage interne. C’était évidemment le seul de la flotte à être ainsi équipé. C’est ainsi que Yegge et Gabriel ont eu l’attention des décideurs pour produire le Wrangler Rubicon.

D’une production modeste au best-seller Wrangler Rubicon

Le projet bénéficiait désormais de la bénédiction de la direction, d’un financement et de personnes prêtes à y travailler. Mais la mise au point du Rubicon a été loin d’être une sinécure. L’équipe d’ingénieurs ne pouvait pas emprunter des composants aux véhicules existants du groupe Chrysler, car les pièces n’existaient tout simplement pas. De plus, très peu de pièces de rechange sont fabriquées dans le respect des contraintes imposées par un grand constructeur automobile.

Les essais ne pouvaient pas avoir lieu comme des véhicules de grande série. Les ingénieurs ont donc opté pour une stratégie extrême. L’équipe fera donc trois mois d’essais intensifs en essayant de casser quelque chose pour éprouver le matériel. Il fallait tester le matériel et trouver le maillon faible.

Le service marketing estimait qu’il était possible de vendre 2 500 unités par an. Les ingénieurs, eux, pensaient plutôt en écouler 10 000 à l’année. Il était difficilement concevable pour le service marketing que les clients paieraient 6 000 dollars de plus pour le Rubicon. L’équipe marketing prédira alors 3 000 ventes la premières année, avant que les ventes ne s’effondrent par la suite. Ils avaient tort.

Les ventes dépassent les estimations

Douze mois après le lancement officiel du programme, la première Jeep Wrangler Rubicon sortait de la chaîne de montage de Toledo, dans l’Ohio. En décembre 2008, plus de 100 000 Rubicon avaient été construits et vendus. Ce sont près de 10 000 exemplaires qui furent fabriqués la première année.

Aujourd’hui, plus de 30 % des ventes de Jeep Wrangler se font en version Rubicon. Cela représente plus de 60 000 Rubicon par an ! C’est pourquoi Jeep a célébré le 20e anniversaire du Rubicon en 2023.

La clé du succès de ce véhicule réside dans le fait qu’il existait déjà une clientèle qui comprenait le concept. Il ne s’agissait pas d’une toute nouvelle technologie qui nécessiterait un énorme processus d’éducation. Le client l’avait déjà compris… tout ce dont il avait besoin, c’était de pouvoir venir chez le concessionnaire et de l’acheter !